: Bluray
On va la faire courte sur la beaufitude de Bond dans l’ère Connery, ayant déjà enfoncé des portes ouvertes sur mes critiques des précédents volets (3). Je poserais juste cette perle là, l'agent s'adressant à une plongeuse : “Good form, you swim like a man”. On dirait Trump déclarant à la foule dans un rally transphobe qu’il est évident qu’en tant qu’homme, il gagnerait face à la jeune nageuse compétitive Riley Gaines. Ca parle de soi-même et je ne vais pas m'appesantir sur ces travers bien connus de la licence qui ne me feront pas noter à plus de six tant qu’ils ne seront pas à minima atténués.
D’autant plus que cette fois-ci, contrairement à Goldfinger, 007 à un véritable rôle dans la résolution de l’intrigue, ne se contentant pas d’être là.
Alors on continue de placer les symboles d’une saga bien ancrée, avec la répétition du gag du chapeau en variation, la conversation avec Moneypenny interrompue par M et la distribution des fusils de Tchekhov par Q. Les gadgets poussant d’ailleurs les potards beaucoup trop loin dans cette scène pré-générique où l’agent du MI6 s’envole en jetpack, juste parce que. A noter que le vol montré est véritable, usant d’un prototype de l’armée conduit par un pilote. Et pour cause, Thunderball est l’épisode de la démesure. La licence doit se renouveler pour ne pas perdre son élan grandissant.
Et là dessus, c'est un pari réussi. Une grosse partie de l’action se déroule sous l’eau, rendant le film plus taiseux que d’accoutumée et le singularisant par rapport à ce que l’on avait l’habitude de voir, et ce qui se fera par la suite. On pourrait bien reprocher à la bataille finale de paraître un poil ridicule aujourd’hui, et particulièrement étirée en longueur, mais elle n’en est pas moins originale et savamment chorégraphiée. Voir des dizaines de plongeurs s’affronter sur un champ de bataille corallien à coup de harpons à quelque chose de réjouissant, et de bien plus impactant que la bouillie numérique d’un Aquaman. Mais il est malheureux que l’intégration de requins aux séquences sous-marines se soit faite par de la maltraitance, les squales étant manipulés par des crochets fichés dans leurs nageoires.
Quant à la terre ferme, où est exposée une intrigue faite de MacGuffins peu intéressants et d’un vilain français oubliable sur lequel rôde toujours l’ombre du Spectre dont on apprécie le dévoilement progressif à travers les épisodes, elle est assez oubliable. Tout juste ai-je retenu une scène où un enregistrement audio accompagne la caméra pour retracer l’intrusion d’un villain dans le logis de notre héros, où une extraction Fulton qui me renvoie directement dans les guêtres de Snake.
Thunderball n’est pas déplaisant si l’on e outre le vieillissement de ses discours, car il parvient à apporter une eau fraîche au moulin de la saga. L’action y est mieux menée, les fondations de la légende déjà bien posées, il ne reste plus qu’à dérouler le tapis pour proposer du neuf. En espérant que la saga continue au moins à ce niveau là.