Pour son tout dernier film, mais qui semble un de ses plus aboutis, Jonas Mekas décide de sélectionner des scènes qui n’a pour le moment pas eu l’occasion d’introduire au cours de sa filmographie et ce sans réelle chronologie mais avec une parfaite harmonie.
Sûrement lassé de son style, les derniers films que j’avais visionnés du réalisateur m’avaient laissé plutôt froid notamment pour Paradise Not Yet Lost. Mais à peine les premières minutes ées que cette essence perdue refait subitement surface, cette essence qui fait de As I Was Moving Ahead Occassionaly I Saw Some Glimpses Of Beauty un si grand film.
Plongé dans la pénombre, le film à de quoi nous arracher les yeux, la caméra tremble, va dans tous les sens, au final on s’y habitue et ça rajoute même un certain charme, la caméra se pose par moments sur un plan, simple, simple mais joli voir banalement magnifique. Mekas expose sa vie, une alternance de jours anodins ou de moments un peu plus exceptionnels, allant de ses voyages en Lituanie à un chat qui marche, des rues enneigées de New York à la verdure confinée de Central Park. Ce que j’adore chez Mekas, c’est sa façon de filmer les rues new-yorkaises où la neige tombe à flot, il n’y a rien de vraiment extraordinaire mais c’est sûrement un de mes moments cinématographiques préféré.
Avec une splendide palette de couleurs saturées, Mekas réussit avec talent à nous plonger dans une ambiance que nul autre ne sait nous faire ressentir. Un certain univers se met en place, des écriteaux viennent s’intercaler par moments où Mekas apporte sa réflexion, cite le contexte ou bien rapporte une phrase d’une de ses connaissances et sa voix vieillissante intervient de temps à autre, un certain lyrisme se met en place .
Mais un élément essentiel qui donne réellement vie au film, c’est le piano, moteur de nos émotions, qui donne dimension magique à ce film, paisible ou violent, accéléré ou absent, notre esprit se laisse emporter et diriger par ces vibrations.
Si vous voulez découvrir un de ses films mais que vous avez peur de vous attaquer à son meilleur (AS I Was...) à cause de sa longueur, foncez sur celui-ci !
Comme le dit Jonas, ce ne sont pas des mémoires que nous voyons, mais sa vie, plus que des souvenirs, des instants és qui reprennent vie. Ce que le film nous procure c’est une douce mélancolie qui nous berce pendant plus d’une heure pour au final nous ramener dans un autre réel, le nôtre.
Ce sont justes des images, des images vivantes qui nous donne une impression de voyage, des images simplement transcendantes.