Arranger: A Role-Puzzling Adventure est bien davantage un jeu de puzzle qu'un jeu de rôle (à la limite un jeu d'aventure), dont il ne reprend que la structure, façon Zelda: A Link to the Past par exemple.
Le concept est simple mais malin : on se déplace sur une grille orthogonale et notre mouvement fait bouger toute la ligne (horizontalement ou verticalement, c'est selon), personnages et éléments de décor compris, faisant disparaître ceux-ci sur le bord pour réapparaître sur le bord opposé. Ce qui est également vrai de notre personnage. A cela il faut ajouter que certains personnages ou éléments de décor sont fixes : ils ne suivent pas la ligne et empêchent le déplacement si un élément mobile vient buter contre eux.
Les puzzles reposent donc pour l'essentiel sur l'agencement du décor via les déplacements de notre héroïne pour franchir les obstacles, réaliser des motifs spécifiques ou déplacer des objets à un endroit donné. Ce n'est jamais très difficile et le jeu, très court (moins de 6 heures, ce qui me semble le format parfait) se renouvelle sans cesse. C'est d'ailleurs une très bonne surprise : je craignais les déplacements laborieux ou le concept vite répétitif mais manifestement les développeurs avaient ce souci en tête et ont veillé à ce que leur jeu reste agréable tout du long.
Si le jeu n'est pas difficile (mais parfois un poil retors, certaines interactions étant plus difficiles à appréhender que d'autres) il est loin d'être trivial. Les casse-têtes sont à la fois satisfaisants à résoudre et ont quelque chose de reposant (j'aime la difficulté dans le genre mais je n'ai pas envie de me retrouver face à un Baba Is You à chaque fois !).
A défaut de jeu de rôle l'aventure est scénarisée, menée tambour battant sur un ton enlevé et léger. Comme une partie importante de la production de la scène indépendante le jeu n'échappe pas à la tentation de distiller sa morale / leçon de vie (sortir de chez soi, rencontrer l'autre, prendre le risque d'échouer tout ça tout ça). Le message est un peu gentillet et sans nuance mais l'ambiance fait que ça e bien. Tout comme l'autre tentation woke un peu maladroite (genre le personnage qui affirme subitement son orientation sexuelle en dehors de tout contexte).
Cet aspect m'a beaucoup fait pensé à Chicory: A Colorful Tale. Personnellement ça ne me gêne pas mais j'apprécie quand c'est plus subtil et naturel. Ceci étant je trouve Arranger un bien meilleur jeu que Chicory : moins ambitieux mais qui réussit tout ce qu'il entreprend, là où Chicory ratait quand même pas mal de choses.
Une très bonne surprise que je recommande volontiers.