Avec ce Dune de 1992, je me suis aventuré dans un univers rétro : les jeux PC DOS du début des années 1990. Même si mon premier PC tournait sous Windows 95, j'ai eu l'occasion, enfant, de lancer quelques jeux sur cet ancien système. Je me souviens m'être cassé les dents sur le premier Civilization et avoir tenté quelques jeux sans en garder un grand souvenir.
Tout cela pour dire que jouer à ce Dune m'a donné l'impression de faire du rétro-gaming comme on peut visiter une exposition : c'est fascinant et en même temps bien lointain de ce que j'ai connu. Pour être très honnête, je n'ai pas réussi à le terminer et ne pense pas le relancer. J'ire toutefois la liberté des développeurs de l'époque qui, me semble-t-il, avaient une certaine ambition avant-gardiste pour leur jeu. Bien qu'on considère Dune II comme le pionnier des STR, son aîné a un côté totalement hybride entre jeu d'aventure et jeu de gestion (on ne peut pas encore parler de temps réel). Comme dans un STR, on contrôle des troupes et des "peons" à qui on assigne des tâches. Ici cela se réduit à trois fonctions : récolter des ressources, se transformer en troupes militaires, ou gérer l'aspect écologique. Mais contrairement à un STR classique où le joueur est forcément une sorte de démiurge invisible qui contrôle tout depuis le ciel, dans ce premier Dune on est plus dans un STR à la première personne. On incarne Paul Atréides qui se rend "physiquement" sur place pour donner ses ordres. On doit parler directement à nos troupes pour leur assigner des ordres. Pour ma part, c'est une expérience totalement unique de gameplay qui rend la gestion rapidement stressante. Là où un STR classique implique souvent des compétences de multitâche (gérer des ressources, faire évoluer des bâtiments et mener son armée au combat, par exemple), ce premier Dune est terriblement "mono-tâche".
Ça a son charme, mais aussi ses faiblesses que l'on ressent assez rapidement : on e beaucoup de temps à se déplacer d'un point à l'autre et gérer ses unités "une par une" devient rapidement fatigant, surtout avec une interface utilisateur très rudimentaire où chaque action implique de er par des boîtes de dialogue. Si vous avez beaucoup joué à des STR, vous aurez l'impression de jouer à une version "0.1 Alpha" de ce qui deviendra un STR.
Même si cela est historiquement fascinant, l'aspect gestion de Dune reste relativement pénible, mais cela est contrebalancé par sa partie aventure qui a un certain charme. Le pixel art des personnages fait main est absolument très convaincant et ses doublages très solennels m'ont particulièrement plu. Pas de doute qu'en 1992, les joueurs et joueuses de l'époque ont été bluffés par ces graphismes : les déplacements dans le désert en simili-3D ont dû être une expérience prenante.
À cela s'ajoute la magnifique musique de Stéphane Picq qui crée une ambiance unique, entre ambient space opera et expérimentation technoïde.
Allez dans Dune comme dans un musée : on est ici pour explorer un jeu pionnier, pas forcément pour se frotter à un gameplay particulièrement engageant.