Dark Souls et ses dérivés ont laissé une trace indélébile dans l’Histoire du jeu vidéo. Pour cette raison, quelques vétérans de l’industrie vidéoludique se sont attelés à un projet fou : témoigner l’amour qu’ils portent pour les Bloodborne en créant Mortal Shell.
Complétement Souls
D’emblée, Mortal Shell attise notre curiosité tant il semble être cousu avec les morceaux les plus savoureux de l’ensemble des Soulsborne. En atteste le style visuel de Demon’s Souls, la nervosité de Bloodborne, et un enrobage global très Dark Souls. Mais l’élément qui fait le plus plaisir demeure la compréhension des techniques de narration initiées par From Software.
Fort d’un processus d’écriture qui emprunte au style de la théorie de l’iceberg (Ernest Hemingway), la narration de Mortal Shell reste à la première lecture très simple mais toute la richesse est à découvrir lorsque le joueur se donne la peine de fouiller en profondeur. En effet, tout comme Dark Souls l’intérêt narratif de l’œuvre est de disperser des récits fragmentaires afin de laisser le soin au joueur de les assembler pour constituer sa propre version de l’histoire du jeu.
Et donc par respect de l’inspiration dont il faut preuve, Mortal Shell nourrit une narration cryptique qui parsème ici et là de minuscules miettes du lore. Cette volonté de ne laisser aucun repère à son joueur s’avère savoureuse tant les descriptions d’objets, les rares dialogues, et les dispositions architecturales constituent des éléments importants pour comprendre le monde déchu de Mortal Shell.
Un homme n’est pas une simple chemise
Ma partie fut jouée avec la coquille « Tiel, l’Acolyte », à l’instar des autres hôtes il s’agit d’un guerrier mort qu’il faudra trouver pour pouvoir l’incarner. Comme le souligne irablement le jeu « un homme n’est pas une simple chemise » et contrairement aux armures dans Dark Souls notre carcasse ne porte pas un banal équipement. La coquille fut avant tout un homme qui a eu une vie, une aventure, et même un nom. Ainsi, comprendre l’existence ée de sa coquille revient à déchiffrer un peu plus le lore de Mortal Shell.
Au total le jeu de base détient quatre coquilles à dénicher et toutes ces enveloppes ont une histoire souvent tragique à raconter qui enrichie l’histoire de Mortal Shell, mais au-delà de cet aspect narratif peu de choses permettent de différencier intelligemment les tenues entre elles. Reste alors l’arbre de compétences propre à chaque personnage qui débloque de nouvelles attaques grâce à une forme de monnaie. Un système d’améliorations déjà-vu du genre RPG qui s’absout donc de celui des Soulsborne.
Autre irrégularité, les armes s’améliorent à travers un système tout aussi classique. On se souviendra qu’une des grandes forces des Dark Souls était cette envie addictive de façonner un « build ». Comprenez choisir un équipement et l’optimiser à travers des points à attribuer dans diverses statistiques comme la force, la dextérité, l’intelligence, mais aussi la foi. L’exercice était saisissant puisqu'il fallait tenir compte des propriétés de l’arme et faire des compromis entre les stats du personnage. Avec Mortal Shell, l’arme s’augmente à l’aide d’items rares soit une méthode bien inférieure à celle des Soulsborne.
Alors, il est beau mon souls-like ?
Dark Souls fut une œuvre fondatrice qui a redéfini les notions de level design et de gameplay. Davantage qu’un terrain de jeu et qu’une façon de jouer, l’environnement et les mécaniques de gameplay forment ensemble un apprentissage. En digne souls-like, Mortal Shell reprend évidemment ces caractéristiques bienvenues, mais il ne manque pas aussi de défier la concurrence avec des ajouts inédits.
Mortel Shell dispose d’une mécanique de gameplay appelée « l’endurcissement ». Derrière ce terme abscons se cache la capacité de solidifier le personnage comme une pierre pour encaisser les dégâts. Il s’agit d’un système qui s’imbrique parfaitement aux actions communes comme les esquives et les attaques lourdes ou légères. En effet, l’endurcissement s’immisce entre les autres mécaniques de gameplay pour former un combo. De quoi apporter une certaine inventivité à un jeu qui ne veut surtout pas être un banal clone de Dark Souls, mais bien posséder sa propre identité.
Autre intérêt du jeu, sa quasi-absence d’items pour le soin. Dark Souls disposait des fioles d’Estus, Bloodborne avait des fioles de sang, mais Mortel Shell ne nous daigne aucune aide pour restaurer notre barre de vie. Ainsi, la santé est une denrée plus que précieuse et l’exploration en devient d’autant plus risquée étant donné que la perte de pv sera le plus souvent irrécupérable jusqu’à la mort du personnage. Certes, des moyens existent mais ils sont soit pauvres en quantité soit compliqués à utiliser : quelques champignons peuvent être ramassés pour un gain de pv très restreint et contrer un ennemi peut soigner le personnage. Pour toutes ces raisons, Mortal Shell possède sa propre notion de la difficulté mais celle-ci se focalisera presque uniquement sur l’hostilité des zones tandis que les boss seront à l’inverse une simple formalité.
Conclusion :
Réalisé par une petite équipe, Mortal Shell est une œuvre qui disposait de peu de ressources lors de sa création. Pourtant, l’amour des Soulsborne suinte du jeu tout entier et en fait donc un hommage très appréciable. Mais plus qu’un simple clone de ses nobles inspirations vidéoludiques, Mortal Shell demeure un excellent souls-like qui possède néanmoins sa propre identité.
Enfant de la providence, j’ai gardé votre chair à l’abri