“Le courage est solitaire.” Avec Giovanni Falcone, Saviano signe un hommage brûlant au juge assassiné par la mafia. Derrière l’histoire connue, il dessine le portrait d’un homme méthodique face à un système gangrené par la Casa Nostra. De l’enfance (explosive) de Toto Riina aux retombées du Maxi-Procès historique de Palerme, le récit mêle rigueur documentaire — il n’y a qu’à voir l’impressionnante bibliographie finale — et souffle tragique. Falcone apparaît comme un Sisyphe moderne, attaqué de toutes parts mais droit dans ses bottes. Pas un héros sans peur, juste un homme qui savait qu’il perdrait — et qui a choisi d’avancer malgré tout.
Au début, on peut se sentir un peu perdu dans les allers-retours temporels et les courts chapitres qui composent ce long ouvrage de plus de 500 pages. Mais peu à peu, tout se met en place, et il devient impossible de lâcher ce livre. On est émus, révoltés, parfois soulagés, mais toujours ramenés à la gravité écrasante de la lutte anti-mafia. Saviano nous rappelle que certains combats sont perdus d’avance, mais qu’il faut les mener. Parce que renoncer, c’est pire.