Cette ouvrage n'est pas une biographie mais plutôt une étude qui pose une question : comment Hitler, un homme relativement moyen, doté certes d'une mémoire impressionnante et autodidacte, avec une formation intellectuel faites de bric et de broc, a réussi à accéder au pouvoir et à devenir l'incarnation même du pouvoir absolu ?
La réponse de Kershaw trouve ses sources dans la lecture de Weber. Synthétisant au travers du concept de charisme : un pouvoir qui ne provient pas de de structures traditionnelles par exemple un roi qui hériterait d'un royaume, ou un énarque qui deviendrait haut fonctionnaire de par sa formation, mais qui provient de la subjectivité des disciples (le concept provenant à l'origine de l'études des sectes chrétiennes) qui attribue des qualités exceptionnelles (pour ne pas dire surnaturelle) à leur chef. Le pouvoir d'Hitler est l'application de ce concept de charisme en politique : grâce au Führerprincip (qui trouve comme l'a montré George L. Mosse, ses racines dans toute la tradition conservatrice et réactionnaire allemande d'un sauveur de l'Allemagne), il exerce un contrôle absolu sur le parti, au départ et un contrôle relatif sur l'Allemagne à partir de 1933 (contrôle relatif qui s'explique par le fait que jusqu'en 1937 plusieurs ministères sont aux mains des nationaux conservateurs quoique Hitler utilisera toute son influence pour empêcher par exemple le ministère de la Justice de s'immiscer dans la gestion des camps de concentrations). A partir de 1942, le pouvoir de Hitler tendra à devenir de plus en plus complexe à analyser. Si les Allemands sont toujours dévoué à Hitler (la colère est plutôt dirigé contre les "bonzes" du parti nazi, les petits Führer) le style de gouvernement d'Hitler pour le moins aléatoire pour ne pas dire anarchique fondé sur sa volonté (volonté qui est interprété différemment selon les intérêts de sa cour, qui est un véritable nids de serpents ou tout les maîtres du IIIème Reich sont en rivalités entre eux) amène peu à peu à des désastres militaires comme Stalingrad. Jusqu'à la fin les membres de l'entourage du Führer resteront fidèles à la volonté d'Hitler. En témoigne cette épisode grotesque ou depuis son Bunker, Hitler fait entrer Himmler en disgrâce pour avoir tenter de négocier avec les alliés.
Pour autant, l'analyse souffre de quelques redondances et la narration chronologique rend la lecture parfois indigeste