Ferrer : il s’en va. C’est le titre du bouquin ainsi que les premiers mots de la première page. Il en a sa claque, Ferrer : il quitte sa femme et retourne à sa solitude de célibataire. Enfin, solitude… vu son côté coureur de jupons, il n’est pas souvent seul sous la couette.
Ferrer vend de l’art moderne. Il a sa petite galerie qui ne marche pas terrible mais qui ne périclite pas non plus. Un « entre deux eaux » somme toute assez satisfaisant. Aussi quand son assistant lui apporte un coup fumant sur un plateau d’argent, il n’y croit d’abord pas trop. Un navire perdu dans les glaces du nord canadien depuis plusieurs décennies avec, à son bord, quantité d’objets primitifs devant valoir une petite fortune.
Tout de même… Ferrer cogite. Demande des précisions. Fait mine de se faire prier. Mais finit par partir pour les vastes Territoires du Nord-Ouest…
Je m’en vais raconte un départ incessant. Un quinquagénaire qui ne tient pas en place. Qui bouge tout le temps. Sans jamais devoir prendre racine ici ou là comme tout un chacun un jour ou l’autre.
Je m’en vais, c’est un roman pas très long de 250 pages à peine. Un bouquin magnifiquement écrit – comme toujours avec Echenoz. Des pages bourrées d’humour et d’ironie. De bons mots savoureux. Des petites scènes parfois toutes simples mais qui, sous la plume de l’écrivain de talent, deviennent autant de petites pépites acidulées qui flattent le palais.
Fort chouette !