L'Apothicaire
7.3
L'Apothicaire

livre de Henri Loevenbruck (2011)

Une fresque historique décevante

Le récit démarre sur deux histoires parallèles ; celle d'Andreas Saint-Loup, et celle d'Aalis, tous deux contraints de fuir leurs villes respectives, et dont le chemin se croisera évidemment. Ces premières pages, qui constituent tout de même près d'un tiers du livre, sont une longue introduction aux mystères qui intéresseront nos protagonistes. Parvenue à ce tiers, j'ai entrevu la pénible lecture qui allait suivre. Malgré une intrigue principale plaisante et bien menée, on se fatigue de ce voyage trop souvent interrompu par le discours du narrateur, dont la présence est visible et envahissante.

Il faut toujours se méfier des romans très longs. Même le splendide Seigneur des Anneaux, dont la valeur n'est plus à prouver, s'étalait parfois en descriptions pesantes. Ici, le récit est régulièrement plombé par des tableaux de tel ou tel aspect de la vie du XIVème, ici la situation des juifs, ici la ville de Compostelle. Que de détours longs et embarrassants, sur lesquels on n'ose d'abord er, par peur de manquer quelque information importante, et que l'on finit par lire en diagonale, agacé par ce qui apparaît finalement comme une tentative de mise en avant de la recherche historique, indéniable mais pénible, qui a été effectuée pour ce livre.
A la page 471, après quelques-uns de ces ages qui découragent régulièrement la lecture, on peut lire en début de chapitre :
« Le lecteur, comme il voulut bien le faire plus tôt, nous pardonnera ici d'accélérer un instant la narration des évènements que nous voulons porter à sa connaissance car, pour dire vrai, il serait fastidieux et inutile que de raconter en détail les quatre jours qu'il fallut à Aalis pour aller de Pau à Bayonne, et notre histoire étant déjà un peu longue, nous ne voudrions perdre quiconque en chemin par d'inutiles détours. »
Puis, à la page 689 :
« Il faudrait sans doute à notre ouvrage un second volume pour raconter en détail ce voyage qui dura trois longs mois, mais ce n'est pas ici notre intention, ni celle de notre éditeur car, à vrai dire, il ne s'y a pas grand-chose qui servirait précisément notre intrigue. Nous dirons donc l'essentiel, et uniquement cela, afin que le lecteur, dont nous voulons qu'il reste notre ami, puisse assembler lui-même les informations qui méritent d'être assemblées, sans que notre récit devienne indigeste. »
ages plutôt risibles, quand on se rappelle les trois ou quatre pages de descriptions de monuments qui ont précédé, et dont l'intérêt pour le récit est encore à définir. On comprend également pourquoi le récit s'étend sur 800 pages, puisqu'il en faut la moitié d'une pour préciser au lecteur ce qu'il ne lira pas.
C'est le premier et principal défaut de ce roman, véritablement étouffé par ces descriptions, et finalement étouffant à son tour.

Les personnages sont convenus -les gentils sont très gentils, les méchants sont très méchants-, mais on ne saurait reprocher à un roman dit « d'aventures » de reprendre les codes d'un genre qui accepte les personnalités stéréotypées. Cependant, on regrette que le soin mis à l'exactitude historique ai fait défaut à l'écrivain dans l'étude de ses personnages.

Les dialogues réservent quelques bonnes réflexions, même si l'aspect redondant et les déclinaisons multiples de sujets identiques -la religion, en premier lieu- est regrettable.

Une intrigue intéressante et quelque peu gâchée, des personnages dont l'histoire aurait gagnée à être traitée plus en profondeur -le personnage d'Aalis promettait plus que la description d'une cathédrale. Dans l'ensemble, une lecture qui ne conviendra pas forcément à ceux qui pensaient trouver une aventure rythmée à la Stevenson, ou une ambiance à la Eco, mais qui réjouira les amateurs d'histoire, que les détails sur l'architecture ou la géographie ionnent, et qui ne s'offusqueront pas d'être continuellement arrachés au récit.

Une petite déception.
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le 15 janv. 2014

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Sarah Beaulieu

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