« L’Assassin Royal ?! C’est énorme tu vas voir ! Honnêtement c’est une des meilleures sagas de fantasy de tous les temps ! »
Vous trouvez les mots un peu forts ? C’est pourtant le genre de remarques que l’on entend constamment à propos de cette œuvre si adulée et estimée, considérée comme l’un des monuments de la fantasy par ceux… qui lisent le moins de fantasy.
Où que vous alliez, forums ou autres librairies, l’Assassin Royal est partout chaudement recommandé et fait la course en tête des classements, au grand bonheur de ses fans qui ne tarissent pas d'éloges flatteurs sur leur saga fétiche. C’est donc motivé par tant d’avis dithyrambiques, que je me suis lancé dans la lecture du premier cycle de six tomes. Et quelle ne fut pas ma stupeur !
Sérieusement, comment peut-on à ce point être aveugle et délirer devant une saga si banale ?
Et pour cause, on ne peut pas dire que le destin d'un bâtard soit vraiment un thème inédit dans la littérature, mais bon, pourquoi pas ? Après tout s'il est bien mené, un scénario, même classique et sans surprises, peut s'avérer ionnant. Ce qui n’est absolument jamais le cas de l’Assassin Royal, qui, tout au long des six tomes ennuie cruellement son lecteur ; tant au niveau de l'histoire, dont les rebondissements grossiers sont prévisibles 300 pages à l’avance, qu’au niveau de l’écriture d’une lourdeur assommante.
Pourtant, si la série de Robin Hobb pêche, ce n’est pas par manque de matière créatrice. L’univers est, il faut le dire, riche et bien foutu, et, laissait entrevoir des possibilités infiniment plus intéressantes que la pauvre histoire typée du petit Fitz.
En effet, les personnages, dont on vante souvent le développement psychologique, sont relativement simples et stéréotypés, et, créent une ambiance manichéenne un peu lourdingue. « Le grand méchant Royal trop cruel, qui veut tuer le gentil Fitz parce que c’est trop un méchant et qu’il est trop cruel. »
Mais bon, e encore, s'il n'y avait que ça. Le manichéisme n’est pas en soi rédhibitoire, loin de là. Le problème c'est que la palette de clichés bien chiants ne cesse de s'élargir au fil des pages. Après « le gentil Fitz tout gentil qui comprend rien à ce qui lui arrive et qu’à rien demandé à personne parce qu’il est gentil », on se tape le tuteur bourru et nonchalant, la meuf casse-couilles du héros à qui il pense chaque page en espérant la retrouver tellement il l’aime trop beaucoup, ou encore le bon prince honorable au grand cœur qui, lui seul porte de l'affection au héros... Bref, des individualités peu convaincantes, et des pages entières de supplice dans lesquels Fitz brasse du vide sans que jamais rien ne se e, et ne vienne bouleverser un peu la lenteur ahurissante du roman.
Sincèrement, c’est dommage, car il y avait quelques bonnes idées. La magie notamment, qui est très bien pensée, ou encore les personnage du fou et de Chevalerie, intéressants mais incroyablement mal exploités. L’auteur a choisi de se concentrer sur Fitz, en le faisant lui-même raconter son histoire. Mais, le personnage du bâtard laisse tout compte fait bien indifférent.
Au final, sans parler d'une fin complètement WTF, l’Assassin Royal n’est rien de plus qu’un de ces nombreux romans qui contribuent à faire er la fantasy pour un genre d’adolescents un peu niais. Mauvaise sans pour autant être honteuse, cette saga est à conseiller à un jeune public en quête de lecture facile. Rien de plus. Et surtout pas de quoi s’extasier comme il est de coutume sur cette œuvre, qui, malheureusement est en train de s'affirmer comme un classique de la fantasy ; alors qu’il faut bien l’avouer, certains tomes comme le 4 frôlent l’extorsion, tant ils sont indigents, et que l’auteur n’a rien à dire…
Conclusion, amateurs de bonne fantasy, ez votre chemin, et, retournez dans votre trou vous buter sur un bon Glen Cook, Pratchett ou Miéville.