Un Etat unique, un protagoniste jurant fidélité au régime, un sérum de vérité : la Kallocaïne. Léo Kall est un véritable héros, chercheur dans la ville de Chimie n°4, il met au point ce qui pourrait réduire à néant les velléités des citoyens envers l’ordre établi.
Le paradoxe de ce livre tient dans le silence, les échanges pauvres entre les personnages, à l’image de Kall et sa femme, qui ne partagent rien, hormis un appartement. Kall était persuadé que la vérité tenait dans son sérum, qu’il lui suffisait d’en injecter une petite dose pour connaître son prochain. Terrifié à l’idée que les paroles prophétiques de son chef (Rissen) s’évèrent véridiques, que chacun a quelque chose à se reprocher, alors il s’attachera à défaire des conspirations contre l’Etat unique, jusqu’à vouloir faire parler sa femme. C’est pourtant sans sérum, qu’elle s’ouvrira à lui, pour lui démontrer qu’il existe autre chose que la finalité instaurée par l’Etat unique.
Kall n’est qu’un rouage d’une machine huilée, qui détruit la volonté propre. Il le sait, il s’en fout. Il a compris que dans une société totalitaire, la condition de chacun importe peu.