Il est difficile de définir mon sentiment à l'égard de Manesh, arrivée au terme de ma lecture. Parce que oui, je me suis complètement laissée emportée au fil du texte et des mots, mais il y a en même temps comme un sentiment de longueur.
Manesh, c'est en réalité une multitude d'histoires imbriquées dans l'histoire principale. Lorsque le roman commence, nous ne savons rien de l'univers ni des personnages. Les seules informations livrées par l'auteur concernent un groupe de soldats qui remontent en bateau un fleuve pour chercher quelque chose qui pourrait servir dans le cadre d'une guerre. En chemin, ils repêchent un homme blessé qui dérive dans le fleuve. A partir de là, l'auteur nous livre au compte-goutte des informations sur l'univers de ces personnages et leurs objectifs, à travers l'histoire de cet homme repêché dans le fleuve, mais aussi à travers le voyage de ces soldats qui remontent un fleuve.
Et me voilà qui me laisse, moi aussi, porter par le fleuve des mots à travers les pages de ce livre. Parce qu'il faut le dire, le texte est magnifique, empli de mots compliqués, mais en même temps extrêmement poétique. On a presque l'impression de lire un texte ancien, et c'est très agréable même si parfois un peu laborieux. A tel point qu'on ne se rend pas tout de suite compte qu'en fait, il ne se e pas grand-chose dans ce livre au final. En tout cas, pas avant d'approcher de la fin. Et c'est ça qui laisse un peu perplexe, parce que même si l'histoire est appréciable, elle est tout de même un peu longue à lire pour peu d'action.
Jusqu'à cette phrase magique qui s'adresse au naufragé, mais que l'on peut aussi adresser à l'auteur :
Espèce de vicieux petit conteur de vents, tu nous as bien couillonnés ! ... voilà depuis la brune que tu nous enberlues dans tes méandres de récit, en t'arrangeant pour laisser croire que tu nous mèneras à bon port... comment t'as réussi ce tour-là, je m'en étonne encore ! ... on aurait dû protester au moins quinze fois ! T'envoyer nos écuelles à la face, te houspiller de mie molle et de vin ! L'aube arrive, et nous n'avons toujours pas parlé des vraies questions ! Nous t'avons laissé divaguer tout ton saoul, au point que maintenant te voilà Moine ! Alors que c'est tout crevant sur le fleuve que nous te voulons narré !
Ce n'est donc que sur les 100 dernières pages que le cours de l'histoire quitte les méandres des souvenirs pour reprendre un cours rectiligne, mais un même temps plus tumultueux. Et c'est avec déception que j'atteins enfin les derniers mots, parce que finalement je me suis attachée à ces personnages sans le savoir, et il va maintenant falloir attendre pour connaitre la suite de leurs péripéties.