Un roman surprenant à plus d’un titre, mais avant tout ambitieux et superbement réussi. Il faut se laisser porter par la narration qui avance lentement, au rythme des gabarres qui remontent le fleuve. On alterne les ages au présent, qui racontent la progression de l’expédition, et ceux au é qui retracent la vie de Manesh le Bâtard, depuis son enfance jusqu’aux événements qui l’ont mené à dériver à moitié mort sur le fleuve. Si la trame principale met du temps à se dévoiler, c’est pour mieux permettre à l’univers de se déployer. Stefan Platteau, historien de formation et spécialiste des mythes, construit sous nos yeux un univers d’une incroyable richesse. Puisant aux sources de différentes mythologies, il recréé un monde foisonnant, dans lequel chaque découverte semble laisser la place à de nouveaux mystères à venir. L’histoire n’est pas morne pour autant, et le récit recèle de nombreuses péripéties qui sauront accrocher le lecteur. Les personnages sont particulièrement soignés, complexes et attachant, chacun dévoilant un pan de son histoire propre au fil du livre.
Tout ceci est en plus servi par une écriture superbe. Stefan Platteau manie la langue en virtuose, et loin d’alourdir le texte, la complexité et la richesse de ses phrases participent à l’immersion du lecteur. On est littéralement plongés dans l’univers du livre, on voit se dérouler les scènes sous nos yeux. Grace à un travail particulièrement soigné, Stefan Platteau réussit à nous faire visualiser les scènes les plus fantastiques, pourtant pas toujours évidentes à décrire.
Manesh constitue un gros coup de cœur, une des plus belles claques de mes lectures fantastiques de ces dernières années. Un roman pas évident de prime abord, mais qui mérite amplement d’être lu et promu.