Un roman visionnaire sur notre présent
[Lu en Version Originale]
Si vous n'avez jamais lu John Brunner, ne commencez pas par ce livre, allez plutôt commencer par "Tous à Zanzibar", probablement plus accessible, et bien meilleur.
Le livre commence par la présentation du héros (dont on ne connaîtra le vrai nom qu'à la moitié du roman) et de ses capacités. Et là, ça coince : le héros n'est pas particulièrement intéressant, sa situation ne m'a pas vraiment ému. Le livre me tombait des mains assez fréquemment...
Mais il fallait continuer "parce que c'est John Brunner...". Et petit à petit on se rappelle pourquoi "Tous à Zanzibar" est un candidat fréquent au meilleur livre de SF de tous les temps.
John Brunner est un visionnaire : pas dans le sens technologique (où une bonne partie de son réseau des réseaux est encore téléphonique, et les terminaux restent nos bons vieux téléphones), mais d'un point de vue sociologique et éthique.
En effet, la nomadisation de la population, qui la libère, mais la déracine également, l'apparition d'Internet qui permet aux habitants d'être plus connectés, mais également ouvre la porte aux manipulations de masse, les expériences eugéniques et leurs dérives. Le talent de Brunner est de montrer les deux faces d'une même pièce, il est absolument conscient que ce n'est pas la technologie qui pervertit, mais ce sont les gens, et cela se ressent dans ses livres.
Il est extrêmement impressionnant, que près de 40 ans plus tard, John Brunner fasse mouche sur ce début de 21ème siècle, et sur les problèmes que nous sommes ou serons amenés à rencontrer.