Thérèse Raquin est un thriller obscur, court, ayant pour décor un sombre age parisien qui met en scène une femme veuve tout juste remariée Thérèse, son ancien amant et désormais mari Laurent, ainsi que le fantôme du défunt mari qui a perdu subitement la vie : Camille.
Ces deux premiers, responsables de la mort de Camille afin de vivre pleinement leur idylle décident alors de tuer le fébrile mari de Thérèse. Bien qu’ils pensaient que cette mort allait leur permettre de vivre ensemble chaque jour, de ne plus cacher leur amour, celle-ci va au contraire briser leur ion réciproque, leur projet de vie que ce mari encombrant semblait empêcher : un projet de vie ardent, ionnel pour Thérèse et celui de vie paisible et matérialiste pour Laurent.
Désormais les meurtriers sont comme prisonniers de leur acte, de leurs mensonges, ils sentent sans cesse auprès d’eux le cadavre du noyé, que ce soit dans leurs draps, dans leur chat François, ou encore dans l’atelier de peinture de Laurent, où à chaque coup de pinceau réapparait incessamment « Camille, grimaçant et douloureux ».
Les meurtriers sentent alors que leur vie les échappe, qu’il sera désormais impossible d’accomplir leur projet de vie qui semblait si réalisable avec la mort du noyé. Tout semble alors dicté par la pensée de ce dernier, sa vengeance peut-être, par cette cicatrice qu’il a laissée symboliquement sur le cou de Laurent avant de s’engloutir dans les eaux sales de la Seine.
Cette mort a réduit à néant leur amour, leur idylle, leur projet, la meilleure solution pour sortir de ce cauchemar est indubitablement le suicide, leur mort, afin d’arrêter ce supplice. Sans que quiconque ne sache leur acte de crime, sans que personne ne puisse douter de leur détestation réciproque à la suite de la mort de Camille. Hormis, la tante de Thérèse, devenue paralytique, qui vit les derniers mois de sa vie entre les deux meurtriers de son fils qu’elle avait tant dorloté, qu’elle avait tant vu proche de la mort et qui avait su tant de fois le sauver, désormais elle sait la vérité, mais elle ne pourra jamais la partager. Elle sait l’hypocrisie de sa nièce, l’opportunisme de Laurent, l’assassinat de son fils et de son chat, elle emportera tous ces secrets dans sa tombe, tout comme les meurtriers des êtres qui lui étaient le plus cher.
Un bon roman qui change du style parfois trop chargé de Zola dans certains des Rougon-Macquart. Un roman que je conseille à tous ceux avides de thrillers, mais aussi à tous ceux qui souhaitent redécouvrir des classiques d’une manière davantage légère.