Eric Vuillard picore dans la guerre d'Indochine certains instants, exprimés par des chapitres denses. L'écriture est précise, parfois poétique, un brin désinvolte. Les portraits généalogiques lassent un peu par leur redondance, mais expriment bien l'entre-soi bourgeois qui règne dans l'hémicycle de l'Assemblée Nationale. Ses choix d'angle de vue résument bien le délitement de l'empire colonial français, et soulignent avec justesse combien cette guerre était avant tout destinée à défendre les intérêts des sociétés françaises. Députés, président de l'Assemblée Nationale, (un chapitre est consacré à Pierre Mendès- et à son regard lucide sur la situation), industriels, militaires, diplomates, (il ne manque que les religieux:)) sont les acteurs de premier plan, et chaque corps fait l'objet d'un ou de plusieurs chapitres. En filigrane, les Viet-minh, leurs actions, leurs victoires, leur revanche. Mais le récit se concentre principalement du point de vue français. La conclusion montrera les États-Unis dans la débâcle de la fin du conflit. L'Indochine a appartenu à l'empire colonial français de 1887 à 1954. C'était la colonie la plus opulente, on comprend l'acharnement dont ont fait preuve les français dans ce conflit, qui aura fait un nombre de morts considérable. L'arrêt de la colonisation française marquera la fin de l'empire colonial français, et la guerre d'Algérie verra le jour, dans la foulée.