Le plaisir de découvrir un nouvel auteur

Il y a pléthore de livres ou films sur l’amour des livres, ce thème est devenu un saucisson, on ne peut plus les compter et c’est un sujet rebattu. Celui-ci raconte une jolie histoire qui se situe dans les années ’50 en Espagne franquiste, mais avec des retours en arrière dans les années ’20 à ’38. On y trouve tous les poncifs sur les anglophones de l’entre-deux guerres : une société de bourgeois cultivés et artistes qui voyagent beaucoup en Europe, libres de mœurs – bien sûr il ne s’agit là que d’une toute petite fraction de la population, mais elle a eu un écho littéraire. Et certes, les hommes qui joignirent les Brigades internationales ne sont pas tous des Hemingway ou des oisifs, il y a eu aussi des ouvriers. Mais qui a parlé d’eux ? à part Ken Loach dans Land and Freedom ? Parmi ces clichés, une allusion touchante est faite au photographe Robert Capa et à sa compagne Gerda (qui mourut au combat en 1937). Des années plus tard, une riche héritière anglaise va sauver un jeune couple de libraires, c’est un peu comme de croire au père Noël car rien ne pourrait les sauver d’un quotidien terne et usé par des années de dictature. Cette anglaise est toujours perpétuellement énervée par sa voisine espagnole trop envahissante avec sa bonne volonté, une « brave » femme quelconque, grosse et qui apporte toujours à manger. A aucun moment l’anglaise ne s’intéresse à elle ni ne lui pose de questions, elle est juste classée comme importune une fois pour toute, dans la catégorie des gens avec qui on n’a rien à échanger, ça souligne vraiment les rapports de classe intériorisés par l’auteure. Les gens intéressants sont considérés comme les seuls penseurs alentour : ceux qui tiennent cette librairie. C’est tout de même une jolie histoire, qui se lit avec plaisir. J’adore aussi les saucissons. Ça n’empêche pas d’espérer un jour rencontrer des personnages qui sortent des sentiers battus.

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le 13 mai 2025

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Nounours30

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