La sédentarité, fléau du siècle
Omniprésent dans notre imaginaire social et nos ions collectives, le sport est absent de la vie de trop nombreuses personnes. Pire, il demeure la « cinquième roue du carrosse » des politiques éducatives, ce qui, n’ayons pas peur des mots, constitue une forme de « crime » contre la jeunesse. Nos sociétés ont du mal à réaliser que le manque d’activités physiques et sportives dès le plus jeune âge est aussi dommageable, voire plus grave, que la privation d’heures de mathématiques, de français ou d’histoire.
Environ 80 % des 11-17 ans n’atteignent pas les seuils d’activité physique recommandés par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), ce qui hypothèque directement leur avenir. En , selon les données de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), "66 % des adolescents font face à un risque sanitaire préoccupant du fait de la combinaison entre trop grande inactivité et dépendance aux écrans". Fléau du siècle, la sédentarité touche de plein fouet une génération qui baigne depuis la naissance dans la culture digitale. Cette dernière n’a pas que des défauts, loin de là, mais elle nourrit de nouvelles addictions contre lesquelles les pouvoirs publics doivent à tout prix lutter.
À l’heure où un jeune sur deux e plus de six heures quotidiennes devant les écrans, et où 34 % des enfants de 2 à 7 ans sont déjà victimes de surpoids ou d’obésité, comment ne pas réagir ? Si cette tendance se confirme, c’est l’avenir même de nos sociétés qui sera fragilisé. Les adultes de demain ne pourront pas affronter le monde qui vient s’ils sont en mauvaise santé sur le plan physique et psychique.
Les dégâts individuels provoqués par la sédentarité se répercutent aussi au niveau collectif. Ils engendrent des surcoûts pour le système de santé, diminuent l’intelligence des populations et les privent de repères auxquels le sport donne naturellement accès : ouverture aux autres, stabilité mentale, gestion des pulsions, esprit d’équipe, bien-être, etc. En sapant ces fondements de l’équilibre et de l’épanouissement humains, la sédentarité enferme chacun dans une ime mortifère.
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