Soljenitsyne a é 8 années au bagne dont les 3 dernières dans une grande région du Kazakstan et c’est là que naquit « Une journée d’Ivan Denissovitch ». Il y apprend le métier de maçon et de cimentier et c’est cette fonction que le héros de Soljenitsyne occupe dans le livre.
Celui-ci raconte, comme son titre l’indique, une seule journée, du lever au coucher, de ce prisonnier. Tout au long du récit, on retrouve tout se qui constitue l’univers carcéral : où tout est soumis à autorisation ; où n’importe quel choix ou n’importe quelle décision doit se faire après en avoir référé aux supérieurs (hiérarchie verticale et horizontale omniprésentes) ; où tout espèce d’énergie est vidée ainsi que tout esprit d’initiative ; où tout est susceptible d’être sanctionné et où l’aléatoire est une donnée constante ; si bien que ce qui prédomine dans cet univers, c’est la débrouille individuelle, l’évitement, se rendre transparent, se faire oublier. S’ajoutent comme obsession majeure de tous les instants, la faim, le froid et la peur. Ivan Denissovitch (plus souvent appelé « Choukhov » dans le récit) subit cela chaque minute de sa journée.
Ce récit peut paraître terne (comme l’est une journée d’un bagnard), tout y étant décrit de façon minutieuse. Ainsi la façon de faire de ciment pour constituer des parpaings qui est expliquée en long en large et en travers, et on peut donc comprendre que la lecture peut être ennuyeuse. Ennuyeuse oui,…comme une journée au bagne. Où ce qui compte c’est chaque jour, ez un jour ; Il y a cette monstrueuse phrase à la fin du livre :
« De ces journées, durant son temps, de bout en bout, il y en eut trois mille six cent cinquante-trois. Les trois de plus, à cause des années bissextiles. »