La justice dans l’ombre

Cela faisait des années que nous n’avions pas vu Matt Murdock à l’écran, mais Daredevil: Born Again prouve qu’il n’avait jamais vraiment disparu. Ce nouveau chapitre du justicier de Hell’s Kitchen est dur, cru, et parfois désespéré. Et c’est justement ce qui fait sa force. La série ne cherche pas à être agréable ou rassurante : elle veut nous rappeler que dans le monde réel, la justice triomphe rarement, et que la corruption a toujours une longueur d’avance. Elle y parvient brillamment.

Charlie Cox revient plus sobre et meurtri, incarnant un Murdock en lutte avec sa foi et sa colère. Mais c’est Vincent D’Onofrio qui continue de dominer chaque scène : son Kingpin est un méchant déjà culte. Impossible de ne pas espérer qu’il échoue à chaque instant. Le scénario accentue cette idée, en montrant comment le pouvoir infiltre tous les niveaux, de la politique à la justice. Par moments, l’injustice est si écrasante qu’on en pleure. Et c’est là que la série trouve sa vraie puissance.

Visuellement, elle conserve l’esthétique brute et réaliste qui avait fait le succès de la série originale. Les scènes d’action sont bien menées, sans excès, et le rythme est constant. Le ton est plus sombre, plus adulte, plus engagé. Il y a du sang, de la douleur, mais aussi une vérité brute. Et dans un univers Marvel souvent noyé dans les effets, c’est une bouffée d’air.

Born Again ne plaira pas à tout le monde. Certains regretteront un ton plus héroïque ou plus de combats. Mais cette série parle d’autre chose : de résilience, de chute, de reconstruction, de lutte malgré un système corrompu. Il ne s’agit pas seulement de gagner, mais de tenir bon.

Marvel signe ici une œuvre sincère, qui ne sent pas le produit calibré. Et rien que pour ça, c’est une réussite.