Les Enfants rouges
6.9
Les Enfants rouges

Film de Lotfi Achour (2024)

Les Enfants rouges (2024) – Une tragédie solaire au cœur des ténèbres

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Deux cousins, Achraf (14 ans) et Nizar (16 ans), mènent leurs chèvres sur les pentes du Djebel Mghila. Le ciel est bleu, l’herbe rare. Et soudain – l’horreur. Des djihadistes. Nizar est tué. Achraf est sommé de rapporter sa tête au village. Oui, sa tête. C’est réel. C’est arrivé en 2015.


Lotfi Achour, cinéaste et homme de théâtre, adapte ce fait divers dans un film qui refuse l’indignation facile. Pas de pathos. Pas de grandes phrases. Juste la violence nue et l’impossible retour à l’innocence. Et ça dérange.


On craignait un film-choc ou moralisateur ? Il n’en est rien. Comme Sissako dans Timbuktu, Achour filme les silences, les gestes, les pierres. Il nous parle d’enfance volée, de communauté, de mémoire. Et de fantômes.


L’intrigue tient en peu de mots. Mais ce n’est pas un drame classique. Car Nizar ne disparaît pas. Il suit Achraf, comme une conscience ou une hallucination. Ce deuil devient voyage. Et ce voyage, une initiation.


Ce parti pris onirique, parfois déroutant, évite le piège du naturalisme. On n’est ni dans le documentaire, ni dans la fable. On est entre les deux, dans ce flou où la douleur devient poésie.


Visuellement, c’est somptueux. Le chef opérateur Wojciech Staroń transforme les collines arides en cathédrales de lumière. Chaque plan raconte. Et la lumière elle-même devient une voix. Un coup d’éclat. Ou un aveu.


L’éclairage ? Éblouissant le jour, presque spectral la nuit. Il marque la fracture. L’avant. L’après. L’innocence puis le gouffre. Et ce silence qui avale tout.


Ali Hleli, dans le rôle d’Achraf, est d’une justesse bouleversante. Il ne joue pas la peur. Il l’habite. Yassine Samouni (Nizar) insuffle douceur et présence. Leur complicité dans les premières minutes suffit à rendre la perte inable.


Les personnages secondaires – la mère (Wided Dabebi), l’imam, les villageois – esquissent une communauté pétrifiée. Qui hurle sans bruit. Qui juge sans savoir. Qui survit. Ou pas.


La musique de Jawhar Basti est fine, minimale. Elle soutient sans envahir. Les sons naturels – vent, sabots, cloches – prennent le relais. Et l’émotion e. Sans forcer.


Ce film ne sermonne pas. Il montre. Il laisse flotter une question : que reste-t-il à un enfant qui n’a même plus le droit de pleurer ?


8 sur 10. À voir, mais pas le ventre vide.

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le 8 mai 2025

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Le-Général

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