Les Maudites
6.7
Les Maudites

Film de Pedro Martín Calero (2024)

Les Maudites (2025) – Cri dans la gorge, silence dans la peau

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Il y a ce son. Un cri. Trop aigu pour les oreilles, trop grave pour la mémoire. Il perce la pellicule, s’insinue sous les ongles, ruisselle dans les couloirs vides. On ne sait pas d’où il vient. Peut-être de l’eau, peut-être du é. Camila l’a entendu la première. Andrea l’entend maintenant. Marie, elle, l’entendait déjà.


Épouvante, dit-on. Thriller, glisse-t-on. Mais en vrai ? C’est un glas liquide, une incantation trouble. Pedro Martín-Calero n’illustre pas une peur : il l’infecte. Le film se faufile à l’intérieur comme une idée qui colle au plafond, muette mais obsédante. Coécrit avec Isabel Peña, ce murmure macabre déroule un chapelet de douleurs transcontinentales, reliées par un fil invisible. Une mémoire interstitielle, éparpillée entre Madrid, Buenos Aires, et des chambres trop blanches.


Les attentes étaient floues, forcément. Premier long-métrage pour Calero, mais déjà un style tordu, graphique, très pub, très clip – parfois trop. On redoutait l’esbroufe. On espérait l’élégie. C’est entre les deux. Ni pure horreur, ni simple drame : un sortilège ibérico-argentino-français, bardé de symboles.


Le scénario s’amuse à nous perdre, puis s’y perd lui-même. C’est voulu ? Peut-être. Le montage chahute le temps comme une pelote de laine sous LSD. On cherche un début, un coupable, un sens. On tombe sur des cris. Encore. La narration boitille, refuse de tenir la main. Camila est-elle réelle ? Andrea est-elle vivante ? Pas sûr. Le film ne résout pas : il hante.


Mais quelle photographie. Épure cérébrale, éclairages hiératiques, chaque plan semble composé par un peintre suicidaire du Bauhaus. Lumière bleutée, couloirs jaunes, contre-jours implosés : c’est beau à tomber, mais aussi très… sec. On sent que tout est calculé, trop parfois. Calero filme comme on sculpte une ombre.


Les actrices (Malena Villa, Ester Expósito et Mathilde Ollivier) sont traversées par le vide. Pas de grandes scènes. Pas d’hystérie. Juste des regards, des tremblements. Leur jeu est un murmure. Les liens entre elles ? Flottants. Fantomatiques. Et pourtant, une chaleur. Quelque chose de viscéral, de transmis.


La bande-son ? Plus qu’un fond, une entité. Bruitages distordus, nappes infrasubsoniques, réverbérations qui cognent le diaphragme. On a peur non pas de ce qu’on entend, mais de ce qu’on croit entendre. Le son ne souligne pas : il infiltre. Il tremble à notre place.


Et puis ce thème : la transmission du trauma. La lignée des femmes. Le silence des autres. Le film veut dire des choses. Ou alors il veut juste les faire ressentir. Est-ce que ça fonctionne ? Disons que j’ai rêvé de l’escalier. Celui du début. Mais il montait sous terre.


Note : 14 sur 20. Pour les sensibles. Pour les poreux. Pour celles et ceux qui veulent qu’un film les touche sans les caresser.

7
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il y a 2 jours

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Le-Général

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