🔴Pour le lecteur pressé, en moins de 3 minutes : https://youtu.be/6npsau3u6rc
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C’est une pièce fermée, sans air, avec des murs qui résonnent à vide. Le genre d’endroit où l’on entend tomber la monnaie… et rien d’autre. Radin! — le titre sonne comme une moquerie, mais c’est plutôt une mise en garde. On entre là-dedans comme dans un vieux portefeuille : usé, trop serré, qui grince quand on l’ouvre. Et c’est exactement ça que Fred Cavayé filme : pas l’avarice comme névrose, non, juste comme mode d’existence — froid, comptable, bouclé. Un refus obstiné de circuler.
François Gautier (Dany Boon, immobile jusqu’à l’asphyxie) n’est pas un personnage, c’est un verrou. Tout ce qui l’entoure se heurte à lui, s’y cogne sans éclat. Il vit dans la peur du manque, mais rien ne manque plus que lui. Boon joue le rôle comme une équation : un geste = une dépense. Il ne parle pas, il calcule. Chaque regard est facturé. On sent qu’il pourrait être touchant… si le film le permettait.
Mais non. Tout est cloisonné. L’image est nette, trop. La lumière semble désinfectée, comme pour éviter toute infection d’émotion. Et pourtant, Noémie Schmidt — révélation trop polie — y pose un frisson. Elle déborde un peu, juste assez pour qu’on espère. On espère quoi ? Un grain, un éclat, un chaos. Mais la mise en scène reste sage, comme figée dans son budget.
Laurence Arné e, elle aussi. Elle e bien, sans faire de bruit. Comme une caresse à travers une vitre. On la voit, on ne la touche pas. Le reste glisse. Quelques dialogues arrachent un sourire (pas plus), mais c’est comme tirer une pièce d’un distributeur vide.
Ce n’est pas que le film est raté — il est verrouillé, c’est autre chose. Il ne manque pas de rythme, ni d’acteurs, ni de moyens. Il manque d’abandon. D’un souffle, même maladroit. Là, tout semble compté, contrôlé. Jusqu’à l’absurde. Et c’est ça, peut-être, le plus étrange : on regarde un film qui ne veut pas qu’on le dépense.