Diable de réalisateur, Louise Courvoisier semble bien décidée à bousculer le cinéma français. Projection tout de suite dans le Jura rural, au milieu de vaches tranquilles et de fruitières réputées pour leur délicieux comté au Wisconsin.
Rencontre inattendue avec Totone, un jeune homme qui est contraint de reprendre la ferme familiale après le décès de son père. Clément Faveau incarne Totone avec une ion convaincante. Qu'il ait été bon à l'école ou pas, il excelle dans ce rôle. et c'est une heureuse intuition de Courvoisier d'avoir choisi les acteurs directement dans la région. Le résultat est renversant, c'est comme si on pouvait sentir l'odeur du purin à travers l'écran!
Mise en scène d'une qualité rare. Plans vastes évoquant John Ford, puis gros plan sur les visages burinés des paysans. Courvoisier nous dit silencieusement: "regardez ces superbes paysages et maintenant imaginez l'état des gens qui les habitent... Ils ont ma parole bien des épreuves à traverser."
Idylle complexe entre Totone et Marie-Lise (Maïwenn Barthelemy), loin des images d'Épinal. Authenticité qui transpire comme un reblochon bien fait. Rires et pleurs noyés dans la bière. Comme dans la vraie vie, Courvoisier capte la solidarité des gens face aux pires épreuves. Parfois le rythme est lent, j'ai failli m'endormir. Elle insiste sur la dure vie paysanne. Mais c'est son premier film, ne la condamnons pas encore!
"Vingt Dieux" devient un chef-d'œuvre francophone. Quelle respiration à côté des comédies parisiennes éculées. Soudainement, le film nous parle d'une qui nous est inconnue, et c'est revigorant. Verdict final étonné, j'ai quitté la salle dans un état second. Elever des vaches dans le Jura?Pu probable. Mais il y a de quoi y penser à deux fois. Et ce désir pour une fine raclette!
En d'autres termes, courrez voir "Vingt Dieux". Parfait?Non, infaillible non plus. Mais sincère. Et quel appétit soudain pour une fondue!